Ainsi, emportait elle avec elle le feu qui l’accompagnerait dans sa journée loin de sa hutte et de son village, comme l’avaient fait avant elle ses ancêtres, des milliers d’années auparavant. Le feu si précieux, qui ne devait pas s’éteindre. Rien n’avait changé pour elle dans ce matin pluvieux, ni le froid, contre lequel elle n’avait pas réussi à se protéger - n’avait on pas surpris le Hammer qui gardait notre campement à grelotter dans ses habits traditionnels - On ne pouvait lui donner d’âge. Elle semblait avoir tout vécu, tout traversé.
Je me pris alors à penser que ce feu ne s’était peut-être jamais éteint depuis des millénaires, précieusement transmis et entretenu depuis la nuit des temps. J’eus conscience du caractère unique de ce moment et n’osai briser la magie de l’instant. Je ne sortis pas mon appareil photo. Elle me dévisagea longuement puis continua sa route. Je la regardai s’éloigner et me demandai longtemps laquelle de nous deux avait franchi le mur du temps
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